Foin et cheval emphysémateux ne font en général pas bon ménage, c'est en tout cas le cas d'Eros (c'est encore pire pour la paille d'ailleurs, pour mémoire : article-le-cheval-et-l-emphyseme) , et au fil des ans, nous avons testé plusieurs alternatives.
C'est une question souvent récurrente chez les propriétaires de chevaux, tentons de répondre à celles de Béa et des autres (n'hésitez pas à demander des compléments si je ne suis pas claire!)
Quelles sont les différentes possibilités pour améliorer le confort du cheval sujet à l'emphysème si l'on ne souhaite pas - peut pas retirer totalement le foin de son alimentation? foin mouillé, trempé, enrubanné , substituts divers et variés, petit point!
Foin mouillé
On peut déjà commencer par secouer un peu le foin (loin des chevaux!) pour disperser quelques poussières et se rendre compte exactement de leur importance, voir changer de fournisseur de foin le cas échéant, il y a parfois de très grosses différences de qualité et de quantité de poussière d'une botte à l'autre.
Lors de la distribution, donner le foin près du sol pour que le cheval ait la tête en bas pour manger et évacuer ainsi facilement les éventuelles sécrétions nasales.
Mouiller le foin pour empêcher le cheval d'en respirer la poussière, cela paraît simple, mais en pratique la manipulation n'est pas toujours évidente :quelques idées puisées au fil des conversations
- on commence par distribuer le foin et on le mouille couche par couche ensuite à l'aide d'un pulvérisateur, un arrosoir...
- on mouille d'abord et on transporte ensuite (foin placé dans une brouette et douché au jet, placé dans un filet à foin lui même arrosé ... Avec une problématique, le foin gorgé d'eau c'est lourd!)
foin trempé :
quand mouiller un peu ne suffit plus , et que la toux et la pousse persistent, il faut passer au trempage total, la solution choisie en ce début de période foin pour Eros (en gros trois mois par an avec du foin, l'herbe suffit le reste de l'année) : une grande poubelle à l'entrée du pré avec le même système de remplissage automatique que l'abreuvoir, et on y fait tremper le foin avant la distribution, le foin trempé n'a donc pas à être transporté loin une fois mouillé et il est facile de renouveler l'eau de trempage. Problème : impossible en cas de gel. (et à la fourche, cela reste physique ou long si l'on fait des petites fourchetées!)
Si l'on distribue le foin en filet, là encore, on peut tremper le filet directement dans le "récipient" d'eau... mais pour le sortir une fois gorgé d'eau, il faut des muscles (ou comme je l'ai vu un système de poulie fixée au mur au dessus de la poubelle)!
On peut également le faire tremper aux écuries et le transporter ensuite (le faire tremper par exemple dans une brouette dans laquelle on aura percé un trou que l'on fermera par un bouchon le temps du trempage et que l'on enlèvera pour faire s'écouler l'excédent d'eau avant le transport).
Quand à la question, combien de temps faire tremper le foin, les avis divergent, y compris chez les vétos, de quelques minutes à plusieurs heures... ce qu'il faut en tout cas pour empêcher la poussière de redevenir volatile le temps que le cheval mange sa ration sans que le foin perde pour autant toutes ses qualités nutritives... bref, réponse de normand!
Voici ce que j'ai trouvé ici L’alimentation du cheval pour éviter ou contrôler les problèmes respiratoires
Blackman et Moore-Colyer (1998) de même que Moore-Colyer (1996) rapportent pour des foins de graminées une
diminution denviron 90 % des poussières respirables contenues dans le foin après seulement 10 ou 30 minutes de trempage. Un trempage jusquà 12 heures n'a toutefois pas permis, statistiquement,
une réduction plus importante des
poussières respirables.
Par contre le trempage provoque des pertes de nutriments plus ou moins importantes selon le type de foin et le temps de trempage. Pour du foin de graminées ce sont surtout des sucres simples, solubles dans l'eau et des minéraux qui se lessivent. Le foin qui a trempé devient donc moins nutritif. Si on est contraint à faire tremper le foin pour le servir aux chevaux, il serait bon de procéder à une analyse de ce foin ainsi traité et d'ajuster le programme alimentaire en fonction de la valeur nutritive réelle du foin servi.
Bref, il semblerait qu'un trempage d'une trentaine de minutes soit un bon compromis, tout en étant très vigilant sur les compléments de minéraux donnés en parallèle.
A la place du foin
et lorsque tout cela ne suffit plus, ou que le gel complique triop le trempage, il y a les foins spécifiques, dépoussiéré, préfané, enrubanné..., le problème étant souvent l'achat en très grande quantité et / ou la conservation (doit être distribué rapidement une fois ouvert).
Il existe également de nombreux substituts (la plupart des marques d'aliments pour chevaux en propose), problème : aux fibres sont souvent ajoutés des aliments riches, céréales, mélasses, et pour les chevaux ne nécessitant pas d'autres compléments, le risque est d'avoir une ration beaucoup trop riche, ou alors engloutie en quelques minutes contre des heures avec le foin, avec tous les problèmes digestifs et psychologiques que cela peut entraîner.
Et vous, vos astuces pratiques?